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L’ingénieur et l’artiste
C’était il y a une vingtaine d’années. Un jour, un monsieur est venu assister à mes cours. Il était ingénieur mathématicien et avait décidé de peindre une nature morte de manière classique.
Je lui ai fourni le matériel nécessaire et lui ai expliqué les étapes du processus. Il a choisi de travailler à partir d’une photo et s’est lancé avec une rigueur impressionnante. Utilisant ses compétences en mathématiques, sa maîtrise de la géométrie et sa logique interne, il a appliqué chaque étape méthodiquement.
Le résultat m’a surpris : son travail était techniquement presque parfait. Mais cette perfection apparente m’a poussé à réfléchir profondément à la nature de l’art. Derrière l’impeccabilité technique de son œuvre se cachait, malgré tout, un problème. Ce que j’ai compris ce jour-là, c’est que les qualités évidentes peuvent parfois dissimuler des failles. Son travail n’était qu’une procédure et manquait d’une dimension essentielle : l’expression personnelle, l’imprévisible, ce souffle vital qui transcende la simple technique.
À l’inverse, il arrive que certains élèves, dont les travaux semblent remplis de défauts à première vue, portent en eux de très grandes qualités artistiques en devenir : de la spontanéité, une vision unique, ou une sensibilité authentique.
Ce paradoxe est au cœur de l’enseignement de l’art : comprendre que la technique est une base absolument nécessaire, mais que l’âme et l’intuition sont les véritables moteurs de la création.
Nous devons absolument maintenir un équilibre entre « l’ingénieur » et « l’artiste » qui sommeillent en nous
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